“Je ne sais pas pour quelle raison je fais ça et de quoi c’est parti. L’adolescence, ça doit être ça…”

Des anonymes m’ont envoyé leur témoignage, leur histoire, des bouts de vie qu’ils ont partagés avec la dermatillomanie. Plongée intime dans les origines de leur mal-être et la manière dont ce trouble s’est développé en eux….

 

Bonjour, je suis quelqu’un comme vous, qui vit la même souffrance depuis maintenant deux ans. Deux ans que je me bat contre la dermatillomanie, et seulement quelques mois que j’ai enfin un nom sur ce qu’il m’arrive.

Tout a commencé un jour, et tout cela sera derrière moi un jour… Je l’espère chaque matin, quand je regarde ce que j’ai fait. Parce que oui, ce que je me fais chaque jour, chaque matin, chaque soir, c’est me triturer. Toucher la moindre imperfection, ne serait-ce qu’un point noir, un comédon. Je ne sais pas pour quelle raison je fais ça, et de quoi c’est parti. L’adolescence, ça doit être ça. L’acné arrive, ça me perturbe et je crois qu’en faisant ça, ma peau ira mieux. Mais c’est tout le contraire… rougeurs, pustules, cicatrices, bienvenue en ENFER ! 

Dès que j’ai une baisse de moral, une évaluation importante, une dispute avec mes parents, j’y vais, je saccage ma peau des heures, comme si j’étais sous hypnose. J’ai souvent essayé de m’en sortir, souvent.

Mais c’est plus fort que moi, je ne peux pas résister. J’en ai parlé à mes parents lorsque j’ai appris que j’étais atteinte de dermatillomanie. Ma mère m’a dit que si je voulais je pouvais, qu’il fallait juste de la volonté et c’est que je ne l’avais pas. Mon père, lui, en rigolait et ne m’a pas pris au sérieux.

Au fur et à mesure, ma mère s’est rendue compte que j’avais vraiment un problème à faire ça sans cesse. Je sais qu’elle sait que je suis dermatillomane, mais elle ne veut pas l’admettre car pour elle, ça doit sûrement être impensable de se dire que sa fille est « malade ».

Elle a essayé de m’aider en m’achetant une multitude de crèmes pour calmer les conséquences de mes crises, mais rien n’y faisait, je continuais. Je lui ai parlé du psy, elle n’a rien voulu entendre.

Elle a mis en place quelques mois des sortes de punition : si elle me voyait descendre à table avec le visage attaqué, elle me prenait mon téléphone quelques jours. Mais ça n’a pas duré.

Aujourd’hui, j’ai un petit copain, et je crois que c’est la principale raison pour laquelle je suis entrain, petit-à-petit, de me défaire de ce toc. Je sais qu’avec ou sans boutons, il m’aimera toujours. Ça à vraiment été mon remède de guérison, l’amour. Quand je sais que je vais le voir, je prévois, une semaine avant, et je me dis que si je ne veux pas être mal a l’aise lorsqu’on sera tout les deux, il ne faut pas que j’ai de gros boutons. Ça m’aide beaucoup, grâce à ça mes crises ont réduites et je me sens mieux dans ma peau. Parce que oui, quand j’ai des gros boutons, je met beaucoup de fond de teint. A 15 ans, c’est pas top, j’en ai conscience, mais c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour camoufler mes dégâts. Après deux ans, j’en vois enfin la “fin”.

J’ai toujours des petites crises le soir mais vraiment rien du tout par rapport à avant.

Et puis, il y a quelque chose qui m’a beaucoup aidé : un tableau de croix. Prenez une feuille blanche, tracez un quadrillage et attachez ce quadrillage a l’endroit où vous avez l’habitude de faire vos crises. Vous les scotchez tout simplement à cet endroit (ça peut être plusieurs feuilles que vous scotchez à plusieurs endroits.) Lorsque l’envie vous prend d’aller toucher votre peau, allez à l’endroit où vous avez l’habitude d’aller. Mais au lieu de répondre à cette crise, prenez un crayon et cochez une croix. Ce peut être à n’importe quel moment de la journée, lorsque l’envie vous prend, COCHEZ !!!!!!!!!

Vous verrez que ce quadrillage se remplit vite…

Et ceci vous fera prendre conscience que toutes ces croix, ce sont en réalité le nombre de tentations que vous auriez eues et auxquelles vous auriez cédé… Du coup on se dit : « ah, une croix ça aurait été une peau encore plus abimée ! »

Et puis depuis que j’ai découvert ce compte Instagram @peau.ssible, j’apprend petit-à-petit à me regarder dans le miroir d’une autre façon, en me répétant que je suis belle et que rien ne sert de toucher à part « m’enlaidir » et me complexer. J’avais tendance à beaucoup toucher mes joues, et avoir 2-3 pustules par joue, c’était horrible, je pleurais tout les soirs.

Il me faudra encore du temps pour arriver à effacer complètement ce problème qui est en moi, mais je sais que j’y arriverai.

Ne jamais rien lâcher, toujours avoir de l’espoir, c’est ça ma devise.

 

♥️ Témoignage à retrouver sur Instagram @peau.ssible

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