“J’ai juste envie que mes cicatrices disparaissent, que cette période de ma vie et mon trouble anxieux me laissent tranquille”.

Des anonymes m’ont envoyé leur témoignage, leur histoire, des bouts de vie qu’ils ont partagés avec la dermatillomanie. Plongée intime dans les origines de leur mal-être et la manière dont ce trouble s’est développé en eux….

 

J’ai 18 ans et ça fait un peu plus de 10 ans que je souffre de ce trouble sur lequel j’ai récemment posé un nom: la dermatillomanie. Sur mon corps, ça s’apparente à un tas de cicatrices et de boutons causés à moitié consciemment… Depuis petite, j’ai toujours eu la peau très sèche avec pleins de petits boutons à la base du poil, rien de très grave, mais dès que je commence à stresser, je m’arrache la peau sans même m’en rendre compte. Ça a commencé en primaire, après un déménagement: nouvel environnement, personnes, entrée en CP, harcèlement. Je me grattais déjà mais ça a empiré à l’entrée au collège, lorsque le harcèlement à été de plus en plus violent, avec bien sûr le surnom « la boutonneuse ». Ça allait un peu mieux après mais avec quelques cicatrices en plus. J’ai bien sûr entendu toute ma vie des remarques de la part des autres, même des gens que je ne connaissais pas me demandant d’où viennent ces cicatrices, si c’est contagieux… On m’a même demandé si je me piquais.

J’ai développé une anxiété maladive qui s’est aggravée au lycée, où je suis tombée en dépression. À partir de là, mon corps était un défouloir: scarifications au cutter, grattage constant. Les moments sous la douche étaient libérateurs, personne ne me voyait me faire mal et c’était une manière de relâcher tout en me « punissant », tout en sentant l’eau brûlante dans mes plaies, me rappelant leur présence. Et bizarrement, les scarifications ont cicatrisé beaucoup plus vite que le reste. On ne les voit plus, mais les autres cicatrices, celles issues du grattage, elles sont toujours là. J’ai réussi à éliminer celles qui peuplaient mon visage, avec des masques à l’argile, du miel, des huiles essentielles. C’était aussi beaucoup dans ma tête, j’allais mieux. Pour les bras, c’est plus compliqué, il y avait une sorte de « je m’en foutisme » d’avoir des cicatrices, mais avec le temps, j’ai juste envie qu’elles disparaissent, que cette période de ma vie et mon trouble anxieux me laissent tranquille. 

Il m’arrive souvent de me gratter sans m’en rendre compte, quand je parle de quelque chose qui me contrarie, quand je me sens mal, dans une situation stressante, en attente de quelque chose ou juste quand je ne sais pas quoi faire de mes mains. C’est vraiment inconscient. Parfois, les gens autour de moi me font la remarque ou me tiennent les mains en me demandant d’arrêter.

Je commence à prendre soin de ma peau, après autant d’année à la voir souffrir, et je fais de mon mieux pour éliminer ces cicatrices d’un passé douloureux, mais même s’il finit par en rester, elles seront des vestiges d’une période qui m’a fait grandir et m’a rendue plus forte.

 

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