“Quand j’avais 9 ans, j’ai tué un hamster. A partir de là, tout a été plus compliqué. Comme si je voulais me punir d’exister”

Ce que je vais te dire peut être partage, bien que ce soit compliqué pour moi d’en parler. Mais je sais que ça peut m’aider, si pas même me sauver de

Même si c’est dur, j’aimerais parler une bonne fois pour toute de l’événement qui me semble être très certainement à l’origine de ma derma, mais aussi d’énormément d’autres choses.

Quand j’avais 9 ans, j’ai tué un hamster. Je me rend compte en l’écrivant que cette phrase sonne d’une manière jeté très étrange, presque comme du j’en riais. Mais je n’en ris pas, loin de là.

J’allais à un stage en été et il y a vaut plusieurs animaux là bas. Dont un hamster. Et petit à petit, je ne saurais pas expliquer pourquoi, j’ai commencé à avoir une relation très bizarre avec cet animal. Et j’ai commencé à aller près de lui quand personne ne fait la. Et je l’écrasais avec mon pied. Et j’écris cette phrase avec les larmes aux yeux, sincèrement. Parce que je sais que je ne voulais pas le tuer lais je n’ai jamais compris pourquoi j’avais fait ça. Suite à ça, on a découvert qu’il avait la colonne vertébrale cassée et on a dû l’euthanasier.

Et j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps ce jour là. J’ai pleuré pour la première fois de ma vie d’une tristesse intense. Le genre de tristesse qu’on sait que rien ne pourra réellement calmer. La douleur d’exister. La vrai douleur de devoir être humain, de se rendre compte des travers de l’Homme et de ne rien pouvoir faire contre ce qui a été fait. J’ai été anéantie.

J’ai gardé ça pour moi, me persuadant un peu plus chaque jour que j’étais en réalité une meurtrière, que n’allais être emprisonnée été. J’étais encore une enfant et le crime que j’avais commis me hantais chaque nuit. J’en pleurais beaucoup.

A peu près trois mois plus tard, suite à un événement lors d’un repas (j’ai étouffé à cause d’un aliment coincé dans la gorge) j’ai arrêté de manger. Tout le monde a cru que c’était parce que j’avais peur d’étouffer.

Mais moi je savais que non. Je savais que c’était l’événement de l’été précédent qui refaisait surface. Et à partir de là, tout a été très compliqué. Je dirais que depuis cet événement rien dans la vie, dans ma manière d’affronter les choses n’a été simple. J’ai somatisé énormément de choses. Il y a eu cette crise d’anorexie, j’ai commencé à me ronger les ongles, puis est venue la derma, puis mes migraines chroniques, mon anxiété, etc.

Cela s’est produit quand j’avais 9 ans. Je vais bientôt en avoir 20. Ça fait plus de 10 ans que je suis coincée dans la tête de cette petite enfant et je n’arrive pas à lui dire d’avancer. J’ai réussi à en parler à ma famille proche et à mon chéri.

Ils m’ont tous dit que tous les enfants ont une phase sadique. Que tous les enfants tuent des animaux (mais souvent des insectes) pendant une courte période. Et que comme je le regrette c’est la preuve que c’était juste une phase de mon développement et que ça ne fait pas de moi une mauvaise personne. Et je les crois. Mais je ne l’accepte pas. C’est comme si je voulais me punir depuis toujours.

Mais aujourd’hui je suis fatiguée de ça. Aujourd’hui je veux prendre la petite moi de 9 ans dans mes bras et lui dire qu’elle peut continuer à vivre. J’ai toujours eu une crainte énorme de grandir. Et plus j’y pense plus je me dis que mon coeur est tellement coincé il y a 10 ans que c’est compliqué pour lui de grandir. Que tant que je n’aurai pas réglé les problèmes avec la petite moi, je ne pourrai jamais être la femme que j’aspire à être.

Je n’écris pas ce témoignage pour être rassurée mais pour me libérer. Je ne sais pas du tout ce que ça évoquera chez ceux qui le liront. Mais je m’en sens prisonnière depuis tant d’années. Et je veux me libérer de mes chaînes.

Alors je ne sais pas si c’est la cause première de la derma. Je ne pense pas. La derma est la à cause de plusieurs petites raisons.

Mais ça, plus j’avance, plus je me rend compte que c’est l’élément déclencheur de toutes les choses que je n’ai pas su gérer dans la vie, psychologiquement. Un traumatisme que je n’étais pas capable de gérer à cet âge là. Je le sais maintenant, que je n’étais pas prête à gérer ça. Que cet événement m’a fait grandir trop vite d’un coup. Et qu’après ça plus rien n’a eu le bon rythme.

J’espère que ce témoignage pourra clôturer ces 10 années de souffrances. J’espère avoir droit au bonheur malgré cette chose que je ne parviens toujours pas à me pardonner.

Après cette « prise de cosncience »,  j’ai réussi à dire à ma mère que je pensais bien que cet événement avait conditionné beaucoup de choses dans ma vie et on en a beaucoup parlé et je sens que ça a débloqué certaines choses…. en tout cas je me sens apaisée comme je ne me suis plus sentie apaisée depuis très longtemps voilà je voulais juste le partager avec toi ❤️

Je lui avais déjà raconté cette événement quand j’étais petite mais avec les mots d’enfant et depuis je ne lui en avais plus reparlé… et la je lui ai tout dit et j’ai pleuré… comme une enfant… j’ai eu l’impression que c’était la petite Manon de 9 ans qui pleurait… comme si le temps de quelques minutes j’étais retournée à ce moment qui a bouleversé la vie et j’ai eu un peu ce sentiment que la boucle était bouclée

Et en parlant avec elle, elle a été très douce et à l’écoute… J’ai vraiment une maman en or… elle m’a rassurée et réconfortée… et je me suis rendue compte que toutes ces années avaient fini par le donner l’impression que je n’avais pas le droit d’être heureuse, voire même que je n’étais pas légitime d’être en vie… et là je me suis dit « Manon tu as assez souffert pour ça, tu as le droit de vivre et d’être vraiment heureuse dans cette vie! »

Alors les habitudes sont tenaces mais depuis hier à chaque fois que j’ai ce sentiment d’être de trop je me rappelle que j’ai le droit d’être là, d’exister.

Voilà voilà je suis heureuse d’avoir passé cette étape !

 

♥️ Témoignage à retrouver sur Instagram @peau.ssible

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