” C’est plus un appel à l’aide qu’un témoignage… J’ai l’impression que je n’arriverai jamais à arrêter”

Ce sera je pense plus un appel à l’aide plutôt qu’un témoignage.

Quand j’étais toute petite ma mère avait cette manie de me faire les points noirs, à la maison ou même dans les lieux publics. J’en ai gardé un souvenir très marquant. Je dois peut-être tenir ça de là.

Je pense que tout a commencé dès que mon acné est apparue, c’est-à-dire vers la quatrième. Ça s’est fait automatiquement.

Pendant cette année scolaire, mes moyennes ont commencé à baisser ce qui a fait que ma mère et mon beau-père étaient très à cheval sur mon travail. C’était parfois très tendu à la maison et je vivais très mal tout ça. J’ai fait ma première crise d’angoisse lorsque je pleurais à cause d’une dispute.

Je n’ai pas réellement de souvenir d’un gros manque de confiance en moi mis à part peut-être le fait que je n’avais pas beaucoup de poitrine. On voit toutes nos copines prendre des formes, je pense qu’on commence toutes à complexer vers ces âges là. En soit rien d’alarmant, c’était « normal ». Ce qui est certain, c’est que l’acné n’était pas un problème à ce moment là.

Les crises ont commencé à s’intensifier en troisième, je me rappelle d’un moment entre midi et deux où j’avais trituré tous les microkystes de mes joues. Quand j’ai vu le résultat (plein de petites traces rouges), j’ai immédiatement regretté et je me rappelle ne pas avoir compris pourquoi j’avais fait ça sachant que je savais quel allait être le résultat. Je me souvient aussi d’avoir fait une grosse crise avec un tire comédons. J’avais fait tous les microkystes que j’avais pu sentir sur mon front.

Petit à petit la dermatillomanie commençait à être dérangeante. Et plus ça allait plus j’utilisais de nouveaux ustensiles (ce fameux tire comédon que j’ai carrément jeté par la suite, pinces à épiler, aiguilles, cotons tiges et parfois je m’aide de ce que j’ai sous la main : le côté pointu des tubes de crèmes, petit manches de goupillons, etc).

Je me suis rendue compte que ça avait une très mauvaise influence sur moi seulement début première : la veille de la rentrée j’ai fait une grosse crise. Et j’en ai pleuré. Et c’est en début 2019 que j’ai pu mettre un nom sur ce phénomène qui s’est révélé être un TOC, après m’être souvenue qu’une YouTubeuse avait mentionné le nom (AyoCoralie).

Janvier 2019, ma plus grosse crise : ouverte de partout sur le front de manière plutôt profonde. C’est d’ailleurs en me rendant compte de la gravité des blessures que j’ai essayé d’en savoir plus sur ce qui m’arrive. Depuis ce jour j’arrive à ne plus faire autant de dégâts, j’essaie de ne pas m’arracher la peau quand je fais une crise. Je pensais que c’était une forme d’amélioration, mais j’ai récemment fait une crise qui m’a laissé la même blessure et je m’en veux terriblement de me faire revivre la même chose qu’il y a un an.

Plus ça va plus je m’attaque à d’autres zones : les jambes, le dos, parfois le torse et le pubis mais ça reste plutôt rare. Ça n’empêche que je suis toujours à la fouille à l’imperfection. Mon côté perfectionniste n’est pas d’aide sur ce coup là. J’en attends peut-être trop de moi ?

J’ai à la fois perdu espoir mais je continue d’espérer. Je pense que c’est le pire cocktail d’émotions : je me laisse aller mais je continue de culpabiliser. Ce que je me dis souvent pendant une crise c’est : « Au point où j’en suis, autant aller jusqu’au bout ».

Je n’arrive plus à me regarder dans un miroir sans toucher ma peau. J’ai à la fois confiance en moi et d’un autre côté absolument pas à cause de la dermatillomanie. Je sais au fond de moi que j’ai du potentiel, que je suis jolie. Mais les crises n’arrangent rien. J’ai l’impression que je n’arriverai jamais à arrêter. « Je ne fais pas d’efforts. » C’est ce que je me dis. C’est un réel cercle vicieux, je refais des crises quand ma peau va mieux, qu’elle a cicatrisé de mes anciennes bêtises.

J’essaye de me dire STOP pendant une crise, et si je la stoppe, je la continue toujours plus tard dans la journée ou dans les jours qui suivent de manière plus intense. Je me suis fait des petits mots encourageants à coller sur le miroir, ils ne sont jamais sortis de ma pochette. J’ai caché tous mes miroirs (j’avais déjà fait ça avant dans être consciente de mon toc). Mais j’enlève la serviette parce qu’il faut bien que je nettoie les dégâts de ma précédente crise. Il va dans la triste logique que je vais plus loin dans la démarche et que ça finit en réelle purge.

J’ai terriblement honte de ce TOC. Pas du fait d’en avoir un mais de la manière dont il se manifeste. Je trouve ça sale. C’est pourquoi je trouve toujours une fausse excuse lorsqu’on me demande ce que je me suis fait sur le front.

À l’annonce du confinement, je me suis interdit de continuer à me faire du mal sous prétexte que j’étais seule. J’ai tenu deux semaines, j’étais tellement fière de moi, ma peau allait très bien, je n’avais plus ce sentiment de « besoin » de faire une crise. Je pensais que le trouble s’éloignait petit à petit.

Mais non, après la douche quand je me suis retrouvée face à un miroir je me suis lâchée. Je me sens si nulle d’avoir cédé. Mais pendant que je faisais ma crise, ça me faisait un bien fou. Je me suis tellement interdit de toucher à ma peau, que j’ai comme explosé à cause d’une frustration par rapport à un colis qui allait mettre beaucoup de temps à arriver.

L’année dernière, quand j’ai compris que j’étais atteinte de la Dermatillomanie, j’en ai parlé à ma mère car je sentais que j’avais besoin de me faire suivre par une psychologue. Mais rien n’a été fait.

Depuis ces trois derniers mois, j’enchaîne les crises d’angoisses, ma santé mentale se dégrade, même ma dermatologue a dit que je devais me faire suivre à tout prix. La frustration des traitements d’acné qui ne fonctionnent pas est certainement un facteur.

Je n’arrête pas d’en parler, mes crises deviennent des appels à l’aide, mais rien ne se fait. Je n’appellerai jamais un psy de moi-même car je ne me sens pas légitime, je l’ai dit d’ailleurs, j’attends toujours que ma mère se décide enfin à le faire. J’ai ce sentiment d’être incomprise, pas prise au sérieux par les gens a qui je tiens le plus, c’est très frustrant.

J’ai 17 ans, 18 cet été. Je veux faire du mannequinat (métier assez axé sur le physique) et j’ai mes chances, je ne peux plus continuer comme ça. Je ne sais plus quoi faire. À l’aide.

 

♥️ Témoignage à retrouver sur Instagram @peau.ssible

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