“Ma derma est totalement liée au fait d’être Haut-Potentiel. Cela implique plus de fragilité et une tendance à mal connaître mes limites…”

Des anonymes m’ont envoyé leur témoignage, leur histoire, des bouts de vie qu’ils ont partagés avec la dermatillomanie. Plongée intime dans les origines de leur mal-être et la manière dont ce trouble s’est développé en eux….

 

Je suis atteinte de dermatillomanie depuis quelques années, la fin d’adolescence je dirais !

J’ai toujours un peu touché les boutons sur mon visage, mais pas pendant des heures ni de façon trop agressive.

Vers mes 17 ans, je suis partie faire mes études loin du domicile familial et je pense que la derma s’est progressivement installée dans mon quotidien, pour plusieurs facteurs :

  • j’avais plus de micro-stress à gérer, liés au début de la vie d’adulte
  • je ne prenais plus de médicaments
  • je vivais seule et il n’y avait personne pour venir interrompre les crises
  • j’avais une vie étudiante/professionnelle très intense et je pense que les crises me permettaient de faire faire des pauses à mon cerveau

Ma dermatillomanie se localise un peu sur le visage, mais surtout sur le maillot, le bas du ventre, la poitrine.

Je suis diagnostiquée « à haut potentiel » depuis mes 16 ans : j’ai toujours été assez angoissée, mais à cette période-là je me suis mise à faire des crises d’angoisse très violentes, notamment les soirs, les vacances et les week-ends, à avoir des pensées obsessionnelle… Au final, une psychologue m’a beaucoup aidée à y voir plus clair et à m’apaiser : je n’étais pas en train de devenir folle, j’étais simplement une ado à haut potentiel (HP). Ca m’a expliqué beaucoup de choses : l’impression que mon cerveau tournait en boucle, l’hyper-empathie avec ce qui m’entourait (les bruits, les histoires des autres)…

Jusqu’à mes 19-20 ans, j’ai géré ces fortes crises d’angoisse avec l’aide d’un médicament. Entre temps, j’étais partie de chez mes parents, je me sentais très indépendante, j’adorais mes études, et j’ai aussi rencontré quelqu’un : je me sentais plus équilibrée et avais l’impression d’être « tirée d’affaire ».

Pourtant, c’est là que la derma est entrée dans ma vie.

Je ne réalisais pas que je passais de plus en plus de temps dans la salle de bain le soir. Je touchais parfois ma peau pendant une ou deux heures sans m’en rendre compte, puis j’ai commencé à enlever des poils que moi seule voyait à la pince à épiler, sur le bas ventre, le maillot, autour des tétons… Comme je vivais seule et que c’étaient des zones “cachées”, je ne me suis pas tout de suite sentie mal après les crises. Mais le week-end je retrouvais mon copain et je me suis aperçue que j’avais de plus en plus de mal à être vue nue (ou sans maquillage pour le visage), et puis les cicatrices ont commencé à arriver et ne plus partir…. Et là l’angoisse de me sentir prise dans un engrenage a commencé.

Je pense que ma derma est totalement liée au fait d’être HP car, même si cela a plein d’avantages (beaucoup d’ambition, de curiosité, d’énergie, d’empathie), cela implique aussi plus de fragilité et une tendance à mal connaître ses limites.

J’ai une vie sociale et intellectuelle très intense, énormément d’activités, d’engagements, et je pense que j’emmagasine beaucoup de stress… De même, j’adore être entourée, et écouter les autres, mais cela me prend beaucoup d’énergie car il y a un sentiment de décalage à surmonter.

Dès que j’ai un peu de temps libre, mon cerveau a besoin de se mettre en pause, et c’est là qu’arrive souvent la derma et la fameuse « transe » qui va avec et qui arrête ENFIN les pensées ! Pendant les crises, j’ai l’impression de me détendre. Mais dès qu’elles sont passées, je mets beaucoup de temps à me pardonner, j’angoisse énormément, j’en fais une obsession… Et la crise qui aurait pu durer un soir en dure cinq ou six !

Mais pour finir sur une note positive, le fait de me savoir HP m’aide énormément face à la derma : je sais que je serai toujours quelqu’un d’angoissée et que si je m’impose des longues pauses, je n’arriverai absolument pas à me détendre, au contraire (puisque le vide est angoissant). Je commence donc à entrevoir la « solution » : trouver des activités qui occupent mon cerveau de manière apaisante et me permettent d’évacuer l’angoisse un petit peu chaque jour et de ne pas la stocker. Les jeux vidéos, le tricot, le yoga… Ce sont des rituels qui arrivent parfois à me détourner de la derma, et j’espère que ça va être de plus en plus souvent le cas !

 

♥️ Témoignage à retrouver sur Instagram @peau.ssible

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