“Je suis sourde de naissance, appareillée depuis 11 ans et doublement isolée. Tout ce stress se manifeste par la derma”.

Des anonymes m’ont envoyé leur témoignage, leur histoire, des bouts de vie qu’ils ont partagés avec la dermatillomanie. Plongée intime dans les origines de leur mal-être et la manière dont ce trouble s’est développé en eux….

 

J’ai 17 ans, et la dermatillomanie est apparue lorsque mes difficultés ne pouvaient plus être niées… Je suis sourde de naissance, appareillée depuis 11 ans et doublement isolée. 

D’une part parce que je suis la seule sourde de mon entourage (dans la famille et de la maternelle au lycée ) mais aussi parce que ma surdité sévère entraîne des difficultés de communication, demande beaucoup de concentration et en découle une grande fatigue. 

Malgré cela ma surdité n’est pas compensée alors je dois être alors très vigilante, j’ai beaucoup de stress qui se manifeste par la derma. 

A 13 ans, quand j’ai vu mon voisin de classe se percer les boutons sur son bras ( tout comme j’avais l’habitude de faire) j’ai alors réalisé que j’étais atteinte de dermatillomanie (depuis la 6eme).

L’incompréhension et la pression de notre entourage développe ce trouble.

Cette année là, j’ai découvert un philosophe (Krishnamurti) qui m’a permis de mieux comprendre la derma (l’Habitude, la solitude… ) et j’ai commencé un suivi chez le psy en abordant toutes mes difficultés liées à ça.

Les crises chez moi c’est principalement le soir en rentrant des cours. Après une surdose de stress, en fin de journée, c’est une véritable catharsis. C’est plutôt rare que j’y touche en cours mais ça peut arriver aussi le matin quand j’ai un peu de temps…

Elles peuvent être aussi causées par un stress préventif comme avant de voir une amie.. dans ce cas les plaies sous le maquillage brûlent et sont doublées d’une honte considérable.

Le week-end c’est pareil en me démaquillant mais ça peut arriver plusieurs fois dans la journée malgré le maquillage.. 

Je pense que les éléments déclencheurs sont d’une part la solitude assez présente et les conflits avec ma famille proche (parents séparés) notamment par rapport à ma surdité ( qui ne se remarque pas car je la compense )

L’année suivante, j’ai commencé à me prendre en photo pour avoir plus de recul : les crises sont moins violentes et plus espacée. Les crises les plus difficiles sont lorsque ma mère m’observe, et quand je m’en aperçois alors la crise va durer une éternité et je serai psychologiquement très faible. Notre entourage qui veut aussi que la derma cesse nous plonge dans un cercle vicieux où nous voulons changer ce qu’il y a au moment présent.

Les voyages sont une vraie thérapie, je pars démaquillée, le stress et la solitude est moindre, la derma s’absente.

Bien que la perfectionniste en moi veut une peau lisse, je ne cherche pas à diminuer mes cicatrices du visage ou des bras, j’accepte mes cicatrices car elles témoignent d’une histoire, d’un combat.

En y réfléchissant je pense que ça va mieux car j’accepte mieux la dermatillomanie. J’essaye de ne pas crée un cercle vicieux autour de ça, qui serait concentré juste sur le fait d’enlever les imperfections. 

Lire certains philosophes peut, de près ou de loin, me faire comprendre la derma et ça m’apporte beaucoup. J’ai aussi de meilleurs rapports avec les autres, je suis plus ouverte qu’à une époque.

J’aime beaucoup de choses ! J’écoute beaucoup de musique, je joue du piano et je regarde des animés. Pendant ce temps, je ne pense plus à mes imperfections… J’ai aussi moins tendance à aller dans la salle de bain directement après les cours.

Quand j’ai besoin de me détendre, soit je reste près de mon chat et/ou j’écoute une musique très apaisante.

Cette année j’essaie de faire plus de sport même si j’ai un faible niveau,  durant l’athlétisme j’essaie de mieux gérer ma respiration et mon stress.

Si je devais un conseil à d’autres dermatillomanes, ce serait d’avoir conscience de la derma et de ne pas la voir comme un fardeau qui nous colle à la peau mais comme notre propre manière d’exprimer nos émotions.

La derma peut s’améliorer GRACE à nous-mêmes seulement, avant tout médicament ou thérapie qui sont là pour soulager le trouble mais pas y mettre fin.  

 

♥️ Témoignage à retrouver sur Instagram @peau.ssible

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