“Mon copain n’est au courant de rien. A part à l’accouchement, il ne m’a jamais vue à ce jour totalement démaquillée.”

Des anonymes m’ont envoyé leur témoignage, leur histoire, des bouts de vie qu’ils ont partagés avec la dermatillomanie. Plongée intime dans les origines de leur mal-être et la manière dont ce trouble s’est développé en eux….

 

J’ai 23 ans et je souffre de dermatillomanie depuis mes 16 ans, mais je ne le sais que depuis quelques temps.

Enfant et jusqu’à l’entrée au lycée, je n’avais pas d’acné, pas d’imperfection, rien. Lorsque j’ai commencé à prendre un contraceptif, les problèmes ont commencés et je ne pouvais pas alors m’empêcher de toucher ma peau. Cela fait partie de la pire période de ma vie car au lycée, les gens sont parfois cruels et je me sentais seule, très seule, car j’avais l’impression que personne n’avait ces grosses imperfections. Je ne comprenais alors pas pourquoi je n’avais pas la même peau que les autres, et pourquoi moi ça ne ressemblait pas à des boutons. A toucher tout le temps et parfois sans m’en rendre compte je me provoquais d’énormes plaies, parfois à sang, ce qui ne ressemblait plus à un simple bouton. Ma sœur avait tellement peur un jour, qu’elle m’a emmené aux urgences car elle ne savait pas ce que c’était, mais je ne disais à personne que je touchais ma peau. Je rentre dans cet état de transe, où il m’est impossible d’arrêter, tout en ayant une voix dans ma tête qui me dit, mais arrête tu te fais mal, ça va être horrible après, stop maintenant, ça empire. Mais rien n’y fait, c’est comme ça.

Les années ont passées, et je suis toujours extrêmement complexée. Je redoute l’été, les vacances, la piscine, les soirées… Lorsque je vais chez quelqu’un qui me propose de rester dormir, je refuse en lui sortant tout un tas d’excuses bidons : « je dois nourrir mon chat, je n’ai pas mon chargeur, j’ai un truc à faire important demain matin. » Tu ne t’imagine pas à quel point je m’empêche de profiter de la vie, à cause de ce trouble.

Aujourd’hui, je suis en couple, plus heureuse que jamais, j’ai une merveilleuse petite fille de 5 mois. Pendant ma grossesse, je n’ai eu que très peu de problème de peau étonnement. Je redoutais le jour de l’accouchement car je savais que j’allais me retrouver un moment démaquillée et c’était ma pire angoisse. Au final, ma peau n’était pas si mal, je ne faisais  plus de grosses crises, et honnêtement, avec l’arrivée d’un petit bout, le temps s’arrête et les problèmes se mettent sur pause.

Mais peu après, la pause est finit, les problèmes reprennent, et plus que jamais. Mon copain n’est aujourd’hui au courant de rien. Et oui, croit le ou non, mais j’arrive très bien à dissimuler ma dermatillomanie. A part à l’accouchement, il ne m’a jamais vu à ce jour totalement démaquillée. Je me démaquille souvent dans le lit ou lorsqu’il dort, et le matin j’attends qu’il se lève, et hop, directement dans la salle de bain pour au moins corriger ce que je trouve de pas potable. Je m’arrange toujours pour être maquillée, et lorsque je ne peux pas camoufler, je me cache dans mon lit et lui dit que je suis malade et que je ne me sens pas bien, ce qui en soit n’est pas totalement un mensonge puisque dans ces moments là, je suis au fond du sceau et je ne veux plus sortir, je me sens malade oui.

Je suis certaine qu’il comprendrait, et qu’il s’en fout, et je sais qu’il m’aime pour ce que je suis, mais j’ai tellement honte parfois de ce que je suis.

Je suis souvent tombée sur des mecs, où l’apparence était importante et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui je me sens incapable de lui en parler, et je sais à quel point ça pourrait être libérateur pour moi. Après toit, je n’ai pas à avoir honte de ce que je suis.

Nous sommes un couple qui communique énormément lorsque l’on rencontre des difficultés, et j’ai l’impression de le trahir si je lui en parle maintenant, qu’il est trop tard et que je lui aurais menti pendant longtemps. C’est ce qui me fait peur. Mais je pense que ce sera la meilleure chose à faire pour me libérer de ce poids qui est en moi. Je compte suivre une thérapie pour comprendre d’où cela pourrait venir même si j’ai aujourd’hui une idée bien définie : La relation avec mon père très conflictuelle, son abandon lorsque j’avais 8 ans, et son manque de reconnaissance et d’amour. 

Comment j’interprète ma dermatillomanie aujourd’hui ? Par le fait que j’ai tellement besoin de sa reconnaissance, que j’essaye d’être parfaite en apparence pour lui tout simplement, et espère qu’un jour il me dise qu’il est fier de moi et qu’il m’aime. 

Voilà, tu sais le plus gros de mon histoire, mais j’aurais tellement d’autres anecdotes à te raconter. J’espère avoir le courage un jour de montrer ce texte à mon copain, que je fais pour apporter mon témoignage, mais aussi pour moi, mon combat de tous les jours, ma thérapie.

Merci à Camille de m’avoir aidée, avec le compte Instagram @peaussible, et apporté tant de choses, qui m’ont permis de me connaître un peu plus. Le travail est loin d’être fini, mais de prendre conscience de sa maladie est un grand pas vers la guérison.

Le simple fait d’en prendre conscience m’aide aujourd’hui à éviter les grosses crises, et elles ont aujourd’hui diminuées.

J’ai envie de m’en sortir, pour ma fille, pour moi-même, et profiter à fond de la vie car on n’en a qu’une, et ça ne doit pas être la dermatillomanie qui contrôle ma vie. Je souhaite à tout le monde d’y avoir, et d’y croire, de croire en vous et vos capacités. On a tous et  toutes de belles qualités, et vos proches vous aiment pour ce que vous êtes et non pour votre apparence.

 

♥️ Témoignage à retrouver sur Instagram @peau.ssible

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