EXTRAIT DE MON LIVRE 📖
Date de sortie prévue : avant l’été 2021

L’après-crise.
L’après-crise est le moment le plus difficile à vivre.
Une sorte de double-peine après la destruction.
Mais aussi un véritable sursis. J’attends.
J’attends que ma peau se répare. Qu’elle passe par ses différentes “phases” que je connais par coeur. La croûte sur les plaies. La peau rouge mais lisse qui laisse place à une fine “peau de serpent” au fil des jours. La peau qui pèle, dont je m’empresse d’enlever minutieusement chacune des petites pellicules.

Elle me fait de la peine et je me surprends même à la plaindre. “Ma pauvre peau”.

Et en attendant, tout est gris.
La vie a moins de saveur. Je sais que durant plusieurs jours je vais ressentir, aimer à moitié. Et je déteste au plus haut point ce sentiment. L’attente est si longue, frustrante et agaçante, et mon impatience si grande.
C’est ça le plus dur. Accepter qu’il faille attendre.

Parfois j’enchaîne à nouveau crise sur crise sans comprendre pourquoi.

Je peux passer des journées entières enfermée, à observer l’évolution de ma “cicatrisation” heure par heure, dans le miroir.
Je n’arrive pas à m’en extraire, à passer au-dessus, à vivre “quand même”, à sortir “avec”.
Accaparée par mes problèmes je ne serais ni heureuse, ni de bonne compagnie, ni capable de savourer le moment présent.

Exposer mon échec, mes difficultés, mon infériorité aux yeux des autres est impossible. Je préfère le repli, l’isolement. Qui creuse paradoxalement toujours plus ce mal-être en m’enfermant avec lui. Un peu comme si j’étais embrumée dans un voile de fumée, et restait ainsi prostrée en attendant qu’il ne s’évapore, plutôt que de faire un pas de côté.

J’attends de m’estimer suffisamment “bien physiquement” pour pouvoir sortir.
Mais si je suis contrainte de sortir avant, je me fais la plus discrète possible, les yeux baissés, le teint cireux et blafard sous les trop nombreuses couches de fond de teint. Tout ce maquillage allonge d’autant plus le délai de cicatrisation de ma peau, l’empêchant de bien respirer…

Je ne comprends pas ce qui m’arrive, ce qui m’anime.
Cette ambivalence permanente qui entremêle ses fils dans ma tête.”

❤😘

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